top of page

Équilibrer réussite et heures supplémentaires : c'est possible ?

Dernière mise à jour : 10 mai


Harmoniser succès et bien-être : Une nouvelle vision du travail

La remarque « T'as pris ton après-midi ? » lancée par un·e collègue à 17h est devenue un meme sur les réseaux sociaux. Si elle est tournée en dérision, elle révèle toutefois la dure réalité de la vie en entreprise. Elle expose l’idée que de travailler tard est encore profondément ancrée, malgré une prise de conscience collective de son caractère inapproprié et de son impact. Le succès est souvent mesuré par des indicateurs tangibles tels que le statut, le salaire, et le nombre d’heures travaillées. Cette conception de la réussite est-elle réellement bénéfique pour notre bien-être et notre équilibre de vie ? La glorification du surmenage, perçue comme un badge d’honneur, a des conséquences notables sur la santé mentale, le bien-être physique et l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Une nouvelle conception de la réussite, dans laquelle le bien-être et l’équilibre occupent une place centrale, est-elle possible ? Comment pouvons-nous favoriser la flexibilité et le confort des salariées et proposer un changement de perspective ?



Travaillez mieux, pas plus ! Apprenez à redéfinir le succès pour une vie professionnelle et personnelle épanouie et équilibrée.


La glorification du travail et ses impacts


La culture du travail

« Je pense aussi, (…) que ce qui aiderait, c'est vraiment le fait qu'on arrête de considérer que bosser très tard c'est vraiment bosser. »  – Fanny Martin Bornn, DRH

Et si nous repensions notre rapport au travail et à la performance ? La pression sociale et le besoin de montrer son dévouement pousse les individus à travailler outre mesure, non pas pour être efficace mais pour répondre à ce qu’ils pensent être une réalité professionnelle qui est en fait déformée. 


On considère alors qu’un·e salarié·e qui travaille tard est dévoué, travailleur et efficace. Alors que finalement, qui est encore pleinement efficace à 18h lorsqu’il ou elle a commencé le travail à 9h ? 

« J'ai été très frappé parce que j'ai rencontré une femme qui occupait aussi des fonctions de direction que tout le monde appelait « la mère au foyer » parce qu'elle avait décidé que les réunions qui finissaient après 19h. Elle ne restait pas parce qu'elle voulait voir ses enfants et qu'elle ne trouvait pas ça utile. » – Fanny Martin Bornn, DRH

Pourquoi devoir choisir entre ses soirées, avec sa famille ou ses amis, et des réunions qui se prolongent tard le soir ? Cela vient questionner l’engagement qu’on a pour notre travail et la loyauté envers l’employeur·euse. Et si finalement, concilier les deux étaient une option qu’il est nécessaire d’enseigner autant aux entreprises qu’à leurs salarié·es ? 


Penser que la présence tardive au bureau est synonyme d’efficacité et d’engagement relève d’une grande incompréhension de la signification de la performance mais aussi et surtout de la réussite. 


Le coût caché de la productivité à tout prix

« Ça sert le fait que je pense que je suis plus efficace aussi au travail quand j'ai le temps de profiter de mes enfants et/ou d'avoir du temps pour moi. » – Aurélie Judlin De Hemptinne, DG de Équilibres

La quête incessante de productivité et de performance au travail se fait souvent au détriment de la santé et du bien-être des employés, menant à un épuisement professionnel généralisé. Ce phénomène contribue à une baisse de créativité et d'innovation, car le repos et les pauses sont essentiels pour maintenir une pensée critique et créative. Dans une mesure plus grave, cela mène également à des arrêts maladie pour épuisement professionnel. Si l’on prend le point de vue de l’entreprise, on peut facilement comprendre que cela ne joue pas en sa faveur. Cette contradiction suggère que la culture du surmenage pourrait, en réalité, contrecarrer les objectifs de productivité qu'elle cherche à atteindre.

Lorsqu’on considère que le surmenage entraîne 29% d’augmentation du risque de maladies, on comprend qu’il est urgent de repenser nos modes de travail. Ce n'est pas seulement la santé individuelle qui est en jeu, mais aussi la qualité de notre vie personnelle. 


Répercussions sociales du surmenage

Le surmenage n'affecte pas seulement les individus sur le plan personnel et professionnel mais a également des répercussions sociales plus larges. La pression pour travailler de longues heures peut exacerber les inégalités de genre, particulièrement en ce qui concerne la distribution des responsabilités domestiques et de soins. De plus, elle peut contribuer à une détérioration des liens communautaires et familiaux, puisque les individus disposent de moins de temps à consacrer à leur vie sociale et familiale alors qu’il s’agit d’un investissement dans l’efficacité. 



Redéfinition de la réussite : Vers un équilibre entre succès professionnel et bien-être personnel


Dans la quête contemporaine du succès, la réussite professionnelle a souvent été placée au sommet des aspirations, éclipsant d'autres aspects fondamentaux de la vie tels que le bien-être personnel, les loisirs, et les relations familiales. Cette hiérarchisation soulève une question cruciale : pourquoi travaillons-nous ? Si pour certains, la réponse réside dans la passion pour leur métier ou l'ambition de réaliser des objectifs spécifiques, pour d'autres, le travail s'inscrit dans une quête de reconnaissance ou de sécurité financière. Mais au fond, quelle satisfaction retirons-nous de cette réussite professionnelle lorsque celle-ci se fait au détriment de notre équilibre personnel ?


Vers une vision élargie du succès

La perception de ce que constitue la réussite varie significativement d'une personne à l'autre, reflétant une diversité de valeurs et d'aspirations. Cette hétérogénéité suggère que la réussite ne devrait pas être perçue à travers un prisme unique, mais bien comme un spectre de possibilités, chacune méritant d'être valorisée et respectée. Encourager une vision plus diversifiée de la réussite implique de reconnaître et de célébrer les différents chemins de vie, reconnaissant ainsi la richesse que ces choix apportent à notre société.

Une enquête récente souligne que 41% des jeunes âgés de 18 à 24 ans considèrent que leur emploi devrait contribuer à leur bien-être. Cette donnée révèle une prise de conscience croissante : le bien-être au travail n'est pas une évidence pour tous, mais il devient une priorité pour les nouvelles générations. Cette évolution des attentes professionnelles marque une transition vers une conception du travail où le bien-être, la santé mentale et l'équilibre vie professionnelle/vie personnelle sont intégrés comme des critères de réussite à part entière.

« Je pense que c'est quand même compatible et ce n'est pas de faire l'un ou l’autre. » – Florence Caghassi Jouni, DG Associée de Dynergie

La passion pour le travail et les engagements personnels peuvent tout à fait être harmonisés sans que l’un ne doive nécessairement éclipser l'autre. Cette vision nécessite une remise en question des valeurs fondamentales de notre société, reconnaissant la valeur intrinsèque du temps passé hors du travail, non seulement pour notre bien-être personnel mais aussi pour notre efficacité et notre créativité au travail.


Choix et Priorités

La redéfinition de la réussite s'articule autour de la notion de choix et de priorités. Établir des priorités claires et opter consciemment pour où et comment investir son énergie deviennent des étapes cruciales pour mener une vie équilibrée et enrichissante. 

« Je ne culpabilise jamais de passer du temps ni avec mes collaborateurs ni avec ma fille. » –  Mathilde Dégremont, directrice du cabinet Vertuo Conseil

Il devient primordial de déculpabiliser les moments de détente et de loisirs, reconnaissant leur contribution essentielle à notre santé globale et à notre performance professionnelle.

Finalement, si nous mesurions la réussite professionnelle par la qualité de vie qu'elle permet plutôt que par le volume d'heures travaillées, nous pourrions redéfinir le succès de manière à inclure le bien-être, l'épanouissement personnel et la satisfaction dans toutes les sphères de la vie. Reconnaître la valeur des temps de repos et des moments passés avec nos proches, loin de nuire à notre engagement professionnel, nous rendrait, en définitive, plus complets, plus équilibrés et incontestablement plus performants.


Cette approche de la réussite invite à un changement de paradigme, tant sur le plan individuel que collectif, où le succès est mesuré non seulement par les accomplissements professionnels mais aussi par la capacité à mener une vie pleine et satisfaisante. Mais alors, quelle stratégie adopter en tant que salarié·e ou en tant qu’entreprise pour atteindre cet équilibre ?



Stratégies et changements pour un équilibre équitable : Vers une culture du bien-être intégrée


Dans notre quête d'un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, l'adoption de modes de travail flexibles et la promotion d'une culture du bien-être au sein des entreprises s'avèrent essentielles. Ces stratégies ne visent pas seulement à améliorer la qualité de vie des employés mais également à renforcer leur engagement et leur productivité, créant ainsi un cercle vertueux bénéfique tant pour les individus que pour les organisations.


Les entreprises ont donc un rôle crucial à jouer en créant des environnements de travail adaptatifs et bienveillants. Reconnaissant l’importance de cet équilibre pour le bien-être et la productivité des employés, il existe de nombreuses stratégies que les organisations peuvent adopter pour favoriser un cadre de travail flexible et inclusif. Ces approches permettent non seulement d’améliorer la satisfaction et l’engagement des employés mais contribuent également à la construction d’une culture d’entreprise positive et durable, tout en effaçant certaines discriminations de genre. 


Voici quelques manières concrètes par lesquelles les entreprises peuvent encourager et soutenir ces espaces :

  • Adopter des modes de travail flexibles : L’intégration de la flexibilité dans les modes de travail, tels que le travail à distance, les horaires flexibles et les semaines de travail compressées, permet aux employés d'adapter leur emploi du temps en fonction de leurs besoins personnels, favorisant ainsi un sentiment de contrôle sur leur vie et augmentant leur satisfaction globale.

  • Valoriser les contributions et non les heures travaillées : Reconnaître les contributions des employés au-delà du simple comptage des heures favorise une culture de travail axée sur l'efficacité et la qualité. Cela encourage les employés à se concentrer sur les résultats et l'impact de leur travail, plutôt que sur le temps passé au bureau. Cette approche met en lumière l'importance de la contribution individuelle à la réussite collective, créant un environnement de travail motivant et respectueux de l'équilibre personnel de chacun.

  • Favoriser l’éducation et la formation : Pour ancrer durablement ces changements, l'éducation et la formation jouent un rôle prépondérant. En intégrant dès le plus jeune âge des concepts tels que le bien-être, la gestion du stress, et l'équilibre vie professionnelle/vie personnelle, nous préparons les futures générations à mieux naviguer dans un monde du travail en constante évolution. Pour les professionnel·les déjà en poste, des formations continues sur ces thématiques peuvent encourager une prise de conscience et une adaptation aux nouvelles réalités du travail.

  • Créer des espaces de bien-être et de flexibilité : Favoriser des espaces qui permettent aux employé·es de mieux gérer les impératifs familiaux et professionnels, tels que la limitation des réunions en dehors des horaires classiques de travail ou la création de programmes soutenant le retour au travail après un congé parental, peut grandement contribuer à cet équilibre. Organiser des ateliers sur l'équilibre vie professionnelle/vie personnelle et la gestion du stress offre aux employés les outils nécessaires pour naviguer avec succès dans leurs responsabilités multiples.

  • Repenser les parcours professionnels : La perception de la maternité et des obligations familiales joue également un rôle dans la progression professionnelle des femmes. La crainte d'être jugée moins compétente ou moins dévouée en raison d'une grossesse ou de responsabilités parentales est un obstacle que de nombreuses femmes doivent surmonter. 1 femme sur 2 ressent l’impact de la parentalité sur sa situation professionnelle, contre seulement un homme sur quatre, selon une étude de l’INSEE. Ce constat souligne à la fois sur qui repose la responsabilité et la charge mentale liées au foyer mais également la nécessité d’une aide extérieure : nounou, employé·e de ménage… Ceci implique alors des revenus qui ne sont pas accessibles à tou·tes. Par ailleurs, l’autonomie et la flexibilité dont elles ont besoin pour s’assurer un équilibre ne se trouvent pas dans n’importe quel poste. Il devient alors impératif de repenser les parcours professionnels afin de promouvoir un équilibre dès le début de la carrière, et non pas comme un privilège associé à des postes de haute direction. En effet, la dynamique actuelle renforce les obstacles à l’évolution professionnelle des femmes et forme un cercle vicieux. 


Intégrer ces stratégies au sein des entreprises ne fait pas que répondre aux besoins individuels d’équilibre et de bien-être, cela pose les fondements d’une transformation culturelle au sein du monde du travail. Ce même changement est en train de se faire auprès des futur·es salarié·es de celles-ci. Il s’agit donc pour elles de miser dès maintenant sur ces transformations qui viennent reconnaître que la réussite professionnelle n’intervient que lorsque le bonheur personnel est atteint. 



La redéfinition de la réussite et de l'équilibre dans notre vie professionnelle et personnelle représente un défi complexe qui requiert un changement de perspective à tous les niveaux de la société. En plaçant l'accent sur le bien-être, la santé mentale, et un équilibre vie professionnelle/vie personnelle, nous pouvons créer des environnements de travail plus sains et plus épanouissants. Ce changement vers une nouvelle conception de la réussite, centrée sur le bien-être et l'équilibre, enrichit non seulement notre qualité de vie mais aussi notre contribution à la société. La réussite ne devrait pas être mesurée uniquement par nos réalisations professionnelles, mais aussi par notre capacité à mener une vie équilibrée et épanouissante, reflétant un véritable succès dans toutes les dimensions de notre existence.



Pour approfondir les sujets du leadership et de la place des femmes, suivez la newsletter Hand So Act - Leadership & Co



Sources : 




15 vues0 commentaire
bottom of page