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Exercer son pouvoir en mettant en lumière celui des autres

Dernière mise à jour : il y a 10 heures

Avec Aurélie Judlin De Hemptinne, Directrice Générale de Équilibres

Passée du monde de l'événementiel (où elle est restée 9 ans jusqu’à devenir DGA), Aurélie Judlin De Hemptinne travaille aujourd’hui dans celui du conseil. Spécialisée dans la diversité et l’inclusion, elle est DG d'Équilibres.


Dans une interview du podcast Le Pouvoir au L, elle nous partage son expérience de plus de 12 ans à des postes de direction. Avec elle, on retrace le fil d’un parcours fait de rencontres et d’opportunités inattendues. Passionnée et investie à 200 % dans tout ce qu'elle fait, , Aurélie nous parle de ses choix de carrière, faits par envie et en prenant en compte sa situation familiale.


Elle nous donne surtout une définition bien à elle du pouvoir au féminin en particulier, et du pouvoir tout court. Une approche profondément humaine qui tend plus à inspirer qu’à diriger et permet à tout le monde de briller.

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Mettre en lumière le pouvoir des autres


Qu’est-ce que le pouvoir au féminin ?


On rentre tout de suite dans le vif du sujet. Aurélie nous partage ses motivations pour participer au podcast, la première étant d’apporter un peu de calme sur le sujet du pouvoir au féminin. Plutôt que de rentrer dans l’opposition avec son pendant masculin, elle en donne une définition toute relative, qui s’inscrit non pas dans l'antagonisme mais la transmission, l’enthousiasme et la passion.


Aurélie incarne très bien cette vision, puisque c’est la passion qui l’a conduite à choisir ce poste. Ses choix de carrière ne sont en effet jamais entièrement orientés par la raison. Il lui faut un driver plus fort : ici, celui de découvrir de nouveaux sujets et de nouvelles équipes.


Et c’est justement dans le rapport qu’elle a avec ses équipes qu’Aurélie voit son véritable pouvoir. Pour elle, c’est moins un rapport de force brutal que le fait d’être valorisée et récompensée à sa juste valeur. Elle préfère par exemple parler d’inspiration que de pouvoir. Et plutôt que de chercher à l’exercer à tout prix, Aurélie choisit plutôt de mettre en lumière le pouvoir des autres.



Lutter contre l’imposture en s’appuyant sur ses équipes


Exprimer son pouvoir, c’est aussi mobiliser les énergies et talent de son équipe en adoptant une une vision collégiale du management. Cette approche plus horizontale consiste essentiellement à solliciter l’avis de ces collaborateurs pour prendre collectivement de meilleures décisions. C’est aussi un bon moyen de se défaire (si une telle chose est possible à 100 %) du fameux syndrome de l’imposteur.


C’est en effet une problématique que nous sommes beaucoup à nous poser au travail. Comment s'approprier un sujet que ses équipes maîtrisent mieux que nous ? Le conseil d’Aurélie : être transparente avec ses équipes.

“J’ai dit très vite à mes équipes que je n’étais pas une star du private equity. Mais j'ai l'expertise de l'organisation et de la structuration des processus, etc. Donc ce que je vais vous apporter, ce n'est pas l'expertise technique, mais c'est la partie soft skills pour vous aider à grandir.”

Il ne faut donc pas hésiter à poser des questions et à brainstormer avec ses collaborateurs. On peut aussi mettre un point d’honneur à prendre des décisions collégialement tout en reconnaissant l’importance d’en prendre certaines seule. Cela permet de rassurer ses collaborateurs en leur montrant que l’on sait où on va. Le manager peut ainsi embarquer son équipe en lui apportant à la fois plus de sérénité, mais aussi une bonne dose d’enthousiasme.


Un autre moyen de se sentir plus légitime au travail consiste à gagner (et célébrer) ses batailles (même si elles paraissent parfois anecdotiques). L’idée, c’est de se féliciter lorsque l’on passe un cap important, ou que l’on se familiarise avec une nouvelle compétence. Attention néanmoins à ne pas se sentir trop légitime, pour ne pas s’endormir sur ses lauriers. Au travail, il nous faut ce point d’insécurité qui nous challenge et nous motive.



Être le moteur de sa création de poste


Aurélie a aussi pu asseoir sa légitimité sur le fait que le premier poste de direction qu’elle a occupé a été créé par elle. Pour évoluer au sein de son entreprise, on peut, comme elle, s’appuyer sur des facteurs de ‘pression’ externes. Dans le cas d’Aurélie, elle a utilisé à son avantage le fait d’avoir été chassée pour un rôle similaire par une autre entreprise. Elle a donc soumis l’idée de créer son rôle de directrice des opérations à ses supérieurs en leur présentant la fiche de poste pour laquelle on souhaitait le recruter.


C’est une bonne stratégie pour co-construire son rôle et définir son périmètre d’action autour de ses propres appétences, mais aussi en tenant compte des ambitions de son entreprise. Face à de nouveaux challenges, il faut surtout ne pas hésiter à oser (même si préparer son entretien en amont ne fait jamais de mal).



Trouver le bon équilibre entre sécurité et prise de risques


Entre la prise de risque et la sécurité, il n’est pas toujours facile de trouver un équilibre. Aurélie a par exemple passé 9 ans dans la même boîte avant de rejoindre Équilibres. Cette continuité, même si elle est moins challengeante, peut aussi nous permettre de grandir avec la structure. Elle est parfois nécessaire lorsque notre vie personnelle ne nous permet pas de bousculer ce point de sécurité qu’est le travail.


‘La grande leçon que j'ai retirée de ces années-là, c'est qu’on ne peut pas bouger tous ces points de sécurité. Quand on est en fragilité ou en instabilité sur un point, il faut absolument verrouiller les autres parce que c'est ça qui nous donne de l'élan et la confiance dont on a besoin dans ces moments un peu difficiles.”

Dès que l’on a re-sécurisé sa situation personnelle, on peut recommencer à chercher de nouveaux challenges et se mettre en danger. Pour savoir dans quelle direction se lancer, une bonne idée peut être de demander leur avis à nos proches. Ce sont eux qui nous connaissent le mieux et qui peuvent nous aider à mieux cibler nos forces ou les missions qui peuvent nous passionner.


Mais même si ces moments de flottement entre deux postes peuvent être difficiles à vivre, la période la plus compliquée de notre carrière est souvent son début. C’est en tout cas l'expérience d’Aurélie qui, lorsqu’elle est entrée sur le marché du travail, manquait de confiance en elle et se sentait dénuée d’intérêt. Un bon conseil pour traverser ce moment difficile est de se respecter et de faire confiance à son intuition. Quand on ne le sent pas, mieux vaut partir et trouver un environnement de travail plus sain.



Séduire intellectuellement sans chercher à plaire à tout le monde


Pour exprimer son pouvoir, Il faut également être honnête avec qui l’on est et gérer ses points d'inconfort. Dans le cas d’Aurélie c’est l’image qu’elle renvoie (en particulier dans un contexte extérieur). Elle garde encore aujourd’hui le souvenir d’avoir été la jeune femme blonde à qui l’on demande automatiquement de servir le café.


Avec l’expérience et la maturité, on apprend à mieux recadrer ce type de méprise et à le faire, sauf exception, avec le sourire. On apprend aussi, lorsque l’on est une femme avec un poste à responsabilité, à faire attention à sa tenue. L’enjeu est souvent, même si cela nous rajoute une nouvelle charge mentale, que la manière dont on s’habille au travail ne soit pas l’objet d’interprétation (même si, cela ne devrait jamais l’être).


“Il y a un côté à double tranchant : c'est-à-dire qu'on peut être dans la séduction intellectuelle pour que les gens soient séduits par l'idée et le projet. Mais quand on séduit intellectuellement, il faut veiller à ne jamais envoyer de mauvais signaux. En tout cas, moi j'essaye de traduire cela dans la manière dont je m'habille, pour qu’elle ne porte jamais à confusion.”

Se dresser des limites invisibles, même si elles peuvent paraître contraignantes, est donc un moyen d’être plus à l’aise dans le terrain de jeu que l’on s’est fixé. De manière générale, il faudrait se méfier du pouvoir de séduction au travail. Il est d’abord extrêmement relatif. Mais il nous enferme aussi dans une posture de compromission, par peur de décevoir. Or c’est en se détachant de ce besoin de reconnaissance que l’on se sent plus libre de suivre ses intuitions et de s’exprimer lorsque quelque chose ne nous va pas.



Comment gérer son niveau d’exigence ?


Un autre sujet important que l’on a abordé avec Aurélie est la gestion des exigences. Adopter une posture managériale horizontale ne se limite pas à solliciter l’avis de ses équipes avant de prendre une décision. Il est aussi important de leur donner des feedbacks pour célébrer leurs premières fois et leurs réussites.


“Je veille à beaucoup faire du feedback. On est dans une logique où on crée beaucoup de nouvelles choses. Je sais que c'est exigeant intellectuellement pour les équipes et j'essaye de vraiment célébrer la réalisation de leurs premières fois. A mon échelle, ça ne marque pas énormément. Mais si je me mets à leur place, évidemment que c’est marquant dans une carrière”.

Autre point de vigilance lorsque l’on est à un poste de direction ou de management ; veiller à toujours accompagner les attentes que l’on formule. La clé est d’avoir des exigences constructives et aidantes, et surtout de créer un écosystème pour soutenir activement les missions que l’on confie à ses collaborateurs.


Dans le management des équipes, il est aussi important de se montrer disponible. On peut par exemple commencer chaque journée en analysant ce qu’elle charrie en matière de décisions à prendre et de coups de main à donner. Mais il est surtout crucial de rappeler à ses équipes que l’on est disponible pour réfléchir avec elles sur de nouveaux sujets.



Quel souhait pour les directrices du futur ?


Pour finir cet échange, Aurélie nous partage son souhait pour les directrices du futur : celui d’être elles-mêmes sans avoir à rentrer dans des cases. Mais aussi de partager leur expérience pour faire changer les choses (notamment le style de management) et inspirer de nouvelles futures directrices.


Pour arriver à l’égalité dans le monde du travail, elle a néanmoins conscience que tout se joue dès l’enfance. Or l’école n’a pas beaucoup changé sur la manière dont elle influence les constructions mentales et les projections des petites filles et des petits garçons. Tant que l’on aura pas mis suffisamment de moyens pour accompagner ce changement, des cabinets comme Équilibres existeront pour fournir les efforts qui ne l’ont pas été en amont.





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