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La rivalité féminine au travail : fantasme ou réalité ?

Dernière mise à jour : 10 mai

Réévaluation de la sororité dans le monde moderne


« En finir avec la rivalité féminine », « Rivalité, nom féminin », « Rivalités féminines au travail », et bien d’autres ouvrages encore, établissent que la compétition serait récurrente entre les femmes. Mais est-ce un stéréotype dépassé ou une réalité persistante ? 


Certaines des autrices de ces livres ont été accusées de jouer le jeu du sexisme en véhiculant des clichés sur le genre féminin. Et ce, parce que dans la conscience collective, on pense que les femmes sont systématiquement en rivalité les unes avec les autres. D’ailleurs, pourquoi emploie-t-on le terme de « rivalité » plutôt que « compétition » lorsqu’il s’agit de décrire les interactions entre femmes dans un contexte professionnel ? S’il est prouvé que les femmes sont davantage dans la collaboration dans leur management, comment peut-on considérer qu’elles viennent également créer de la concurrence ? 


Petit à petit, on remarque que l’idée de cette compétition s’estompe et laisse la place à des espaces de solidarité et de soutien. La notion de sororité contribue alors à remodeler, ou peut-être même simplement renommer, les relations entre les femmes. Dans un même temps, on constate un chemin qui s’ouvre vers une révolution professionnelle. Celle-ci combat les préjugés sexistes qui entravent la progression des femmes. Elle offre alors des perspectives nouvelles et émancipatrices aux femmes et signe le début d’une ère où l’égalité et l’entraide redéfinissent les normes. 



La rivalité féminine au travail, entre stéréotypes et réalités : quelle lecture ? Réévaluation de la sororité dans le contexte professionnel moderne.


Déconstruire le mythe de la rivalité féminine


Une misogynie interne …

"Alors je pense d'abord qu'il n'y a pas plus misogyne qu'une femme"

Fanny Martin-Born, DRH


Dans un premier temps, il est très facile de penser que les femmes sont plus enclines à rivaliser et à s’opprimer entre elles. Mais est-ce que ce n’est pas le produit d’une construction sociale plus large ? 


Les femmes sont très souvent confrontées à un rappel systématique de leur genre : dans la rue, chez elles, mais aussi au travail ! Ainsi, il peut être difficile de naviguer dans un environnement où des jugements et des attentes sont basées sur le genre. Celles-ci viennent alors déterminer les comportements des un.es et des autres. C’est pourquoi il est très facile d’imaginer certains schémas se reproduire, à force de répétitions et d’observations. 


Contredite par la sociologie à le test de Bechdel 

Les siècles de représentations culturelles et médiatiques, à travers les livres, la télévision, la musique, entre autres, sur les relations entre les femmes continuent d’influencer les expériences des femmes au travail, ou du moins l’idée que l’on peut s’en faire. 

Prenons le Test de Bechdel. Utilisé pour évaluer la représentation des femmes dans les médias, il met en lumière la manière dont les récits dominants tendent à focaliser sur les relations des femmes avec les hommes, minimisant ainsi leurs interactions mutuelles non compétitives et solidaires. Ce biais narratif renforce l'idée fausse d'une rivalité féminine omniprésente, masquant la réalité d'une sororité souvent puissante. Malheureusement, elle a souvent été éclipsée par ces récits et mérite davantage de reconnaissance.

Ce test est un indicateur permettant de comprendre les défis auxquels les femmes sont confrontées dans des environnements professionnels souvent inégaux. Ils ont inévitablement un impact direct sur la manière dont les femmes se perçoivent entre elles. 


Contredite par des exemples historiques… 

Élisabeth Cadoche, journaliste et auteure du livre « En finir avec la rivalité féminine », évoque des groupes de femmes au Moyen-Âge dont l’objectif était d’accéder au mariage. Pour ce faire, elles éliminaient leurs rivales. Dans ce genre de récit, on entend une compétition féminine naturelle. Toutefois, on remarque dans un premier temps que cela ne prend pas en compte l’époque et le besoin de survie lié à celle-ci. De plus, on néglige également des figures historiques importantes : les sorcières, les suffragettes, les Amazones. Elles et bien d’autres groupes de femmes incarnent une solidarité et une résistance collective. 

Force est donc de constater que les structures patriarcales ainsi que les narratifs dominants viennent influencer le concept de rivalité féminine. Reconnaître et remettre en question ces influences permet de comprendre la sororité, mais également de l’utiliser comme un moyen d’avancer vers un milieu de travail plus égalitaire et inclusif. 



La Sororité en action : collaboration, appréciation et soutien


Les éléments clés de la solidarité en milieu professionnel, un concept incarnant un management assertif et progressiste, se révèlent à travers différentes pratiques et attitudes. Ces pratiques, telles que la collaboration, la définition précise des rôles, l'appréciation des compétences, et le soutien mutuel, sont des piliers fondamentaux qui caractérisent un leadership efficace et inclusif


La collaboration

« Moi, je m’entends mieux avec les hommes »

Nous avons tous et toutes entendues ce genre de remarques, énoncées par des femmes. Cela démontre une culture sexiste encore bien ancrée dans de nombreux esprits, qui vient mettre les femmes en opposition. 

"C'est qu'avec des femmes, je pense que j'ai un meilleur feeling avec eux, beaucoup plus en confiance, beaucoup plus en alliances. Il n'y a pas de rivalité…"

Valérie Ogier, dirigeante associée du CIC


Cette confiance mutuelle et cette entente contraste fortement avec les notions de compétition ou de rivalité souvent associées aux environnements professionnels féminins. Cela suggère que la présence de femmes dans une équipe peut favoriser une approche plus coopérative et empathique. 

Peut-on expliquer cela par les différentes difficultés rencontrées par les femmes au quotidien dans le monde du travail ? Notamment lorsqu’elles ne font pas partie du male’s club ? 


La définition des rôles

" Parce que les rôles sont clairement définis... il n'y a pas d'enjeu de territoire… "

Valérie Ogier, dirigeante associée du CIC


Une clarté dans les responsabilités et dans les attentes minimise les conflits et favorise une collaboration efficace. La communication et la transparence apporte également une dynamique de groupe positive. 


L’appréciation

"Quand je vois la résilience des femmes, l'endurance, leur capacité à mener de front plein de projets. "

Claudia Ruzza, DG de Positive Planet


Le regard que les femmes ont sur elles-mêmes et les autres est d’une importance primordiale. À partir du moment où l’on est capable de reconnaître les qualités et les compétences de l’autre, on vient former un environnement où la solidarité prime sur la compétition. Autant pour les femmes que pour les hommes. 


Le soutien 

"  Moi, j'ai la chance d'être un groupe amical de femmes leaders et on s'entraide et on s'appelle et on s’appuie. "

Florence Trouche, Directrice de publicité chez Netflix


La sororité au travail n’est pas un concept abstrait mais une réalité vécue. L’entraide et le soutien jouent un rôle clé dans le succès personnel et professionnel. 

La force tangible de la sororité en milieu professionnel se caractérise par ces différents éléments. Ils contribuent alors, non seulement à un meilleur bien-être au travail, mais aussi à une performance accrue des équipes. C’est ce qu’on appelle le management assertif !

Comme nous avons pu le voir dans l’article «  Assertivité et femmes au pouvoir : une évolution du leadership », ces techniques sont davantage développées par les femmes dans leur management. 


Perspectives d'Avenir : Émancipation et Évolution de la Sororité


Renforcement des Réseaux de Femmes 

"On échange beaucoup entre directrices... On partage nos expériences."

Aurélie Clemente-Ruiz, Directrice du Musée de l’Homme 


La création et le renforcement de réseaux de femmes sont essentiels pour l'émancipation et l'avancement professionnel. Par leur existence, ils remettent en question les structures patriarcales du milieu professionnel, favorisent l’autonomie et changent les perceptions traditionnelles. 

La sororité devient alors un outil qui crée des opportunités de collaboration, de soutien et d’élévation mutuelle pour les femmes. L’environnement de travail devient alors plus inclusif et équitable. C'est en tissant ces liens de solidarité que les femmes peuvent non seulement surmonter les défis individuels, mais aussi redéfinir les structures et les cultures professionnelles pour les générations futures.


Les complexités du monde professionnel pour les femmes 

"Je retrouve pas vraiment de sororité... ça reste quand même assez politique."

Florence Caghassi Jouni, DG associée de Dynergie.


Si on observe bien un renforcement des réseaux féminins et des lois venant favoriser la parité et la progression professionnelle des femmes, il reste primordial d’opérer des changement culturels et organisationnels en parallèle. Les stéréotypes de genre ne peuvent s’effacer seul et immédiatement. Il est nécessaire de sensibiliser au quotidien et sur la durée sur ces thématiques.


Impact de l'Entraide Féminine et du Mentorat 

Une étude de Catalyst indique que 73% des femmes qui ont bénéficié d’une aide dans leur carrière rendent la pareille à d’autres femmes plus tard. Le mentorat et le soutien augmentent les possibilités de réussites et d’accession à des postes de direction. Après le cercle vicieux du sexisme et de la compétition : le cercle vertueux. 

Les réseaux de femmes, le mentorat et le soutien mutuel jouent un rôle crucial dans l'avancement des femmes dans le milieu professionnel. Malgré certains défis et la nécessité d'une évolution culturelle continue, le potentiel de ces réseaux pour transformer le paysage professionnel est immense. En mettant l'accent sur l'entraide et le partage d'expériences, la sororité peut devenir un moteur d'émancipation et d'égalité, conduisant à des changements positifs et durables dans la société et dans les organisations.



Dans l'analyse de la rivalité féminine au travail, on ne peut que constater comment les stéréotypes de genre façonnent cette dynamique. Historiquement, les femmes ont souvent été perçues comme en compétition les unes avec les autres, une image exacerbée par des rôles de genre traditionnels qui limitent leur accès aux opportunités de carrière et de leadership. Cette perception de la compétition n'est pas seulement le reflet d'une réalité professionnelle, mais aussi le produit d'une culture sociétale qui valorise la compétition masculine tout en stigmatisant celle entre femmes. Pourquoi acceptons-nous que la rivalité existe entre les hommes alors qu’elle est extrêmement mal perçue lorsqu’il s’agit des femmes ? Ne sont-elles pas des êtres humains comme les autres avec leurs travers ? 

En réalité, ces stéréotypes renforcent une barrière psychologique, créant un environnement où les femmes se sentent obligées de rivaliser pour des ressources perçues comme limitées. Cependant, un changement de paradigme s'observe progressivement, avec une reconnaissance croissante de la valeur de la sororité et de la collaboration féminine. En brisant ces stéréotypes, non seulement les femmes peuvent s'épanouir professionnellement, mais elles contribuent aussi à une culture de travail plus inclusive et équitable.



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Sources :  


Test de Bechdel :  vise à pointer les biais sexistes du cinéma, en répondant à ces trois questions sur un film : il y a -t-il au moins deux personnages féminins ? Ces femmes se parlent-elles ? Leurs sujets de conversation évoquent-ils autre chose que les hommes ? Si la réponse est oui à toutes les questions, le film passe le test ! L’objectif de ce test est de montrer que les femmes sont souvent peu représentées et quand elles le sont, leur personnage vient majoritairement mettre en avant les hommes.



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