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Le pouvoir des nounous : de l'éducation des enfants au soutien des mères

Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Avec Elodie Costet, assistante maternelle, autrice et créatrice


Le pouvoir au féminin ne s’observe pas qu’en entreprise, bien au contraire. De nombreuses invitées m’ont fait part de l’importance des femmes qui les soutiennent dans la gestion de leur vie de famille, et qui leur offrent donc le temps et l’espace mental pour se dédier à leur carrière. 


Cette fois-ci, j’avais donc envie de mettre en lumière ces femmes de l’ombre, sans qui les femmes de pouvoir que l’on connaît mieux ne pourraient pas exister. Elodie Costet est et restera la nounou d’une vingtaine d’enfants depuis 10 ans. Mais elle est aussi écrivaine de 4 romans et deux nouvelles publiées, elle peint et crée des décorations et bijoux qu'elle vend depuis peu via Instagram et sur les marchés. 


Dans cet épisode, on s’interroge ensemble sur l’importance des nounous dans l’existence même du pouvoir au féminin. Elodie nous aide à explorer ce que cela implique pour elle, comment elle vit et apprivoise son propre pouvoir et accompagne au quotidien les enfants qu’elle garde dans la construction de leur pouvoir en devenir. 



Pas de pouvoir au féminin sans nounou, de l'éducation des enfants au soutien des mères


Le pouvoir d'écouter et d’être écouté


On ne le répètera jamais assez, le pouvoir a une définition très vaste et nous l'avons chacun en nous. Il peut s’agir du pouvoir de monter une entreprise ou gérer des équipes, mais aussi celui de créer et porter sa famille, d'élever des enfants et de les aider à développer leur propre pouvoir. 

“Le pouvoir, c'est toutes les petites choses qu'on peut accomplir au quotidien en fait. Et quel que soit son poste et son niveau au travail. Et je crois que c'est aussi ce qui m'a fait réaliser que j'étais capable de répondre à tes questions sur ce podcast”. 

Pour Elodie, son principal pouvoir est d'écouter les enfants, et ce même quand ils n’ont pas encore les mots pour s’exprimer. Le pouvoir de l’écoute, en plus d’être gratuit, n’est pas donné à tout le monde. Nous sommes en effet nombreux à être trop centrés sur nous-même pour écouter les autres, faire écho à leurs préoccupations et les aider à aller mieux. 


Or l’écoute, que ce soit auprès d’enfants ou de ses collaborateurs, permet de construire la confiance. Un élément essentiel pour collaborer et qu’il est préférable de développer le plus tôt possible. 



Pas de pouvoir au féminin sans nounou


Le pouvoir au féminin repose, à bien des égards, sur cette écoute et construction de la confiance que permettent les nourrices. Ce sont en effet elles qui vont inculquer les règles de base aux enfants, et donc participer au développement des adultes de demain.


Mais elles apportent également un soutien essentiel aux femmes de pouvoir qui, sans ces personnes qui s’occupent de leurs propres enfants, ne pourraient pas se dédier autant à leur carrière. Tout l’enjeu, c’est de libérer les mères d’une partie de la charge mentale qui pèse encore principalement sur leurs épaules (et beaucoup moins sur celles des papas).  

“La charge mentale de la maman, c'est quelque chose à ne pas négliger. C'est vrai qu'en dix ans de métier, j'ai quand même vu évoluer la famille, le couple et l'homme par rapport à la vie de famille. Mais. même s’il est là, s’il va chercher les enfants, il n'empêche que tout le reste, c'est quand même la maman qui le fait”

En soutien à ces mères qui doivent encore jongler avec vie de famille et vie professionnelle, la nourrice prend un peu le rôle de Demeter, la super intendante de l’Olympe. Même si son rôle peut paraître minime face aux pouvoirs qui ont été donnés à ses frères et sœurs, Demether finit par réaliser que sans elle, le monde des Dieux s’écroule… Et ça, ce n’est pas rien. 



Sortir des cases pour découvrir son propre pouvoir 


La notion de pouvoir que peuvent expérimenter les nounous et assistantes maternelles est donc largement vécue et récompensée en coulisse. Si, pour la grande majorité des femmes, la mise en lumière est quelque chose qui s’apprend, qui ne nous vient pas naturellement, c’est encore plus le cas pour toutes ses femmes qui travaillent dans l’ombre. 

“La femme de pouvoir, elle peut dire : ça, c’est mon métier. Et moi alors ? Je suis nounou, oui, mais j'ai aussi d'autres rêves, ou à défaut, j'ai d'autres envies. Mais ces envies-là, je les mets de côté ou ils sont  souvent noyées par la fatigue de la journée. Et du coup, le podcast m'a mis un peu un coup de pied au derrière et m’a poussé à me poser les bonnes questions. Si les femmes parlent des nounous en bien, c’est que moi aussi je peux correspondre à la notion qu’elles ont du pouvoir. Mais est-ce que ça me suffit”. 

Sortir de l'étiquette que l’on peut nous coller (même si elle est positive, comme celle de la super nounou) nous permet de changer, d’évoluer. Pour Elodie, ce processus lui a permis de se lancer dans la création, de participer à son premier marché de Noël. Bref : d’exprimer son propre pouvoir (créatif) plutôt que de se limiter à aider les autres (les enfants et leurs mamans) à développer le leur. 


La création permet aussi de se remettre sur le devant de la scène, de se sentir exister. Pour des femmes qui ont plus l’habitude d’être dans l’ombre, et qui ne sont pas forcément à l’aise avec leur image, cette mise en lumière à travers son art plutôt que sa personne peut aussi être moins intimidante. 


Pour casser ce moule (d’étiquettes ou de préjugés que l’on a tous tendance à se coller à nous-mêmes comme aux autres), la clé est encore d’être à l’écoute. A l’écoute de ses propres réflexes de jugement. Mais aussi à l’écoute des autres pour leur donner suffisamment confiance en eux-mêmes et leur permettre de s’affirmer tels qu’ils sont. 



Construire la confiance avec les parents 


En tant qu'assistante maternelle, Elodie est dans un rapport de confiance avec les parents, de la même manière que peut l’être un manager ou un dirigeant avec ses équipes. Et tout comme le monde de l’entreprise, dans lequel cette confiance se construit dès le recrutement et l’onboarding, la confiance entre les parents et la nourrice se construit au premier rendez-vous.

“Ça commence dès le premier rendez-vous. En général, une rencontre suffit. Quand les parents en ont besoin de deux, je me dis qu’il y a quelque chose qui coince au niveau de la confiance, que l’on a pas forcément la même vision des choses. A partir de là, on sait que ce sera difficile pour eux de faire confiance.”

Cette confiance se consolide ensuite tout au long de la relation. Elle passe par une communication ouverte et transparente : envoyer régulièrement des photos ou des nouvelles par SMS, un dialogue qui permet d’amener les parents à une vision plus ouverte de la parentalité, etc. 


Justement, la relation nourrisse/parents offre un autre parallèle intéressant avec le monde de l’entreprise : la conduite du changement. Pour faire évoluer les parents dans leur rôle, mais aussi pour faire grandir leurs enfants et leur inculquer les bases de la vie en société, la nourrice est amenée à implémenter des changements. Pour l’accompagner, elle le fait néanmoins beaucoup plus par l’envie (les récompenses, l'encouragement) et non par la contrainte (comme c’est encore beaucoup le cas en management). 



Dégenrer la notion de pouvoir dès l’enfance 


Toutes mes invitées ou presque évoquent l’importance de transformer notre système éducatif pour faire émerger plus facilement le pouvoir au féminin. Cela passe non seulement par l’école, mais aussi beaucoup plus temps, lorsque les enfants apprennent à vivre en société et intègrent ce que l’on attend d’eux notamment à travers les jeux qui leur sont proposés. Le simple fait de changer la disposition des jouets permet de modifier les interactions entre les garçons et les filles, de les faire se retrouver au milieu et jouer ensemble. 


La question de la dissidence de genre se pose aussi de plus en plus tôt, dès la garderie. Beaucoup de parentes peuvent chercher à protéger leurs enfants des moqueries en limitant leur liberté à la maison. Pour Elodie, il est au contraire important de leur apprendre à s’assumer tels qu’ils sont ou souhaitent être dès le plus jeune âge. 


Et donc de trouver la juste mesure entre protéger les plus jeunes (en leur collant une étiquette trop contraignante) et leur confier la responsabilité de changer la société. Un juste milieu serait tout simplement, notamment à travers l’écoute et la confiance, de leur donner les bonnes armes pour s’assumer et participer à créer un monde plus égalitaire. 


Finalement, le rôle des nourrices recoupe encore une fois celui des managers. De la même façon qu’elles donnent des armes aux enfants pour leur permettre de se protéger et de mieux comprendre le monde dans lequel ils vivent, les managers sont eux aussi des vecteurs de sens pour les collaborateurs. 





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