top of page

Être directrice, c’est ĂȘtre enthousiaste !

  • Nelly Jimenez
  • 12 mai
  • 6 min de lecture

DerniĂšre mise Ă  jour : 27 oct.

Comment se sentir Ă  sa place et lĂ©gitime lorsque l’on est une femme Ă  un poste de direction, mais aussi plus largement lorsqu’on arrive dans une nouvelle entreprise, un nouveau secteur, une nouvelle culture organisationnelle ?  Souvent, la transition demande une bonne dose d’humilitĂ©, une vraie capacitĂ© Ă  Ă©couter ses Ă©quipes, mais aussi une grande part d’enthousiasme. 


Alexandra Serizay nous parler dans ce nouvel Ă©pisode du Pouvoir au FĂ©minin de cette Ă©nergie qu’est l’enthousiasme, Un enthousiasme qu’elle a forgĂ© et nourrit Ă  travers un parcours aux trajectoires multiples, d'abord en audit interne chez France TĂ©lĂ©com, puis en banque d'affaires chez Deutsche Bank, dans le conseil chez Bain, avant d'ĂȘtre directrice des opĂ©rations, puis directrice adjointe de la Banque de dĂ©tail au sein d'HSBC France et enfin membre du COMEX, comme directrice stratĂ©gie, technologie et opĂ©ration chez Sodexo, qu’elle a quittĂ© rĂ©cemment. 


Alexandra nous explique comment elle a naviguĂ© dans ces environnements diffĂ©rents, portĂ©e par l'enthousiasme donc, mais aussi par une grande capacitĂ© d’écoute et d’adaptation. Elle nous livre sa vision du pouvoir collĂ©giale.


directrice enthousiaste

Passer de la stratĂ©gie Ă  l’action


Pour Alexandra, le pouvoir c’est la capacitĂ© Ă  mettre en Ɠuvre des dĂ©cisions et Ă  avoir un impact tangible. En entreprise, cela implique de crĂ©er de la valeur, et donc d’agir sur ses diffĂ©rents leviers de crĂ©ation. AprĂšs des premiers postes en stratĂ©gie, elle passe donc cĂŽtĂ© opĂ©rations. 

“Passer de la stratĂ©gie Ă  quelque chose qui est plus concret, c'est un travail d'Ă©quipe, c' est un travail trĂšs collaboratif et c' est une prise avec le rĂ©el. Lorsqu'on est en stratĂ©gie, on voit la vision, la ligne droite, et puis on est confrontĂ© Ă  la rĂ©alitĂ©. Rien ne se passe jamais comme prĂ©vu, il peut y avoir des contraintes trĂšs concrĂštes, trĂšs tangibles, et donc l'enjeu, c' est de pouvoir mettre en place une stratĂ©gie sous contrainte et ça se fait Ă©videmment jamais seul, ça se fait avec des Ă©quipes’. 

Le pouvoir d’action est donc toujours un pouvoir collectif, qui passe avant tout par un travail d’écoute active. Cela demande de comprendre les enjeux de ses Ă©quipes et de casser les Ă©ventuels silos pour que chacun puisse mettre ses compĂ©tences Ă  contribution. On rompt ainsi avec la culture du hĂ©ros pour s’adapter Ă  la rĂ©alitĂ© du monde du travail actuel, caractĂ©risĂ©e par une multitude d’expertises. 




L’enthousiasme comme force vive de la direction


Quel que soit l'intitulĂ© de notre poste, on est dans une position de direction Ă  partir du moment oĂč l’on encadre des Ă©quipes. Pour Alexandra, l’enjeu n’a donc pas Ă©tĂ© de se sentir lĂ©gitime Ă  cette place, mais plutĂŽt de diriger des Ă©quipes aux expertises trĂšs diffĂ©rentes des siennes. 


Pour donner une direction Ă  des personnes qui maĂźtrisent mieux leurs propres fonctions, la capacitĂ© d’écoute devient encore plus stratĂ©gique. La directrice n’est donc pas forcĂ©ment la personne sachante, mais celle capable de prendre du recul par rapport Ă  ces nouvelles connaissances pour les remettre en perspective et donner la bonne direction. 


Les postes de direction demandent aussi de maßtriser une certaine ambivalence : entre diriger ses équipes et se mettre à leur service. 


“C'est lĂ  que tout le sujet du dialogue d'embarquer les Ă©quipes joue Ă  plein. C'Ă©tait dire que oui, on peut donner une direction, mais il faut embarquer les Ă©quipes et il y a le principe de rĂ©alitĂ©. D'oĂč ce dialogue permanent, mĂȘme pour donner la direction et dĂ©finir une stratĂ©gie, ça se fait pas en chambre, en haut d'une tour. Il faut Ă©videmment solliciter les diffĂ©rents marchĂ©s, leur propre situation, leurs propres enjeux, c'est presque de la co-construction. Maintenant, il faut trancher, et c'est la responsabilitĂ© de la direction”. 

Pour embarquer ses Ă©quipes, notamment dans des projets dont elles peuvent apprĂ©hender l’impact (parce qu’il est disruptif, comme l’adoption de l’IA par exemple), la directrice a plusieurs leviers Ă  sa disposition : 


  • L’acculturation, qui passe par la formation, l’accompagnement du changement et dans la montĂ©e en compĂ©tence ; 

  • La preuve : donc commencer par une expĂ©rimentation pour dĂ©montrer la valeur du projet avant la mise Ă  l’échelle ;

  • L'enthousiasme : cibler d’abord les zones anxiogĂšnes pour apaiser les peurs qui sont lĂ©gitimes avant d’embarquer ses Ă©quipes sur une vision plus positive. Dans le cas de l’IA, c’est ne pas nier que certains postes vont ĂȘtre supprimĂ©s, mais que d’autres opportunitĂ©s vont Ă©galement se crĂ©er. 


La direction implique donc d’embarquer ses Ă©quipes pour ne pas perdre de vue le cap que l’on s’est fixĂ©. 



La symbiose entre vie professionnelle et vie privée


Mais cet enthousiasme ne se gĂ©nĂšre pas tout seul. Il demande beaucoup d’énergie, non seulement pour Ă©merger, mais aussi pour le transmettre aux autres. Pour nourrir son enthousiasme, Alexandra veille donc Ă  ne pas Ă©puiser son Ă©nergie et Ă  se ressourcer, notamment dans sa sphĂšre privĂ©e. 


“Il faut avoir des portes de sortie, des passions pour pouvoir, j'en veux dire, regagner cette Ă©nergie qu'on donne. Donc ça peut ĂȘtre du sport, ça peut ĂȘtre de la lecture, ça peut ĂȘtre des promenades, ça peut ĂȘtre des moments familiaux. Ce rapport aux autres, c'est pour moi vraiment un vecteur de don d'Ă©nergie”. 

Alors que l’on parle beaucoup d’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle en termes d’impact de la premiĂšre sur la seconde, on Ă©voque peu le fait qu’avoir une vie intime riche nous donne aussi de l’énergie au travail. Cette richesse permet de prendre du recul, d’ĂȘtre plus efficace parce que l’on a pu compter sur un vrai sas de dĂ©compression. On voit ainsi de plus en plus d’employeurs valoriser cette capacitĂ© Ă  se dĂ©connecter et recharger ses batteries chez leurs Ă©quipes. Cela passe par exemple dans le fait de valoriser ses passions dans un CV. 


Pour Alexandra, l’expĂ©rience de la parentalitĂ© est aussi un plus dans la gestion d’équipe. Les enfants ont notamment une capacitĂ© d’écoute toute relative, ce qui peut nous apprendre Ă  ĂȘtre plus convaincant, à mieux choisir ses batailles et Ă  toujours maintenir le dialogue
 Des compĂ©tences plus qu’utiles Ă  des postes de managements ou de direction. 


DIRECTRICE

Trouver le bon équilibre entre humilité et légitimité


L’équilibre ne se construit pas qu’entre notre vie professionnelle et personnelle. Être directrice, c’est aussi trouver l’équilibre entre la lĂ©gitimité nĂ©cessaire pour se sentir Ă  sa place et embarquer ses Ă©quipes, et l’humilitĂ© indispensable pour choisir la bonne direction Ă  prendre. 


Ayant beaucoup changĂ© de secteur dans sa carriĂšre, Alexandra a fait cette expĂ©rience de la dĂ©couverte (de nouvelles problĂ©matiques, de cultures organisationnelles diffĂ©rentes) et de l’humilitĂ© face Ă  la nouveautĂ©. Cela demande une bonne capacitĂ© d’observation, de se mettre en retrait pendant les premiers mois pour comprendre quelles sont les valeurs (souvent tacites) du collectif que l’on va diriger. 


Mais cela implique aussi une certaine capacitĂ© Ă  se sentir lĂ©gitime en puisant dans ses expĂ©riences passĂ©es, toujours utiles dans un nouveau contexte.. Lorsqu’elles recrutent en externe, les organisations recherchent prĂ©cisĂ©ment cette capacitĂ© Ă  challenger constructivement les maniĂšres de faire et y apporter un regard neuf.


Mais pour que cette lĂ©gitimitĂ© soit perçue et acceptĂ©e par les Ă©quipes, il faut avoir rapidement de l’impact : “Il faut se dire Ă  chaque fois qu'est-ce que je veux crĂ©er. What good looks like? Qu'est-ce qui va dĂ©montrer que j'apporte de la valeur ?”. 


LĂ©gitimitĂ© et humilitĂ© se nourrissent aussi. L’humilitĂ© facilite la dĂ©couverte et l’assimilation de nouvelles connaissances qui permettent Ă  une nouvelle directrice de mieux comprendre son environnement et d’entrer dans le concret : le jeu des contraintes (qu’elles soient budgĂ©taires ou rĂ©glementaires, entre autres).  Et ce sont ces contraintes qui permettent de se surpasser, de grandir, et de se sentir pleinement lĂ©gitime Ă  son poste. 



Créer un écosystÚme naturellement sorore


Lorsque l’on est une femme dans le monde du travail, se sentir lĂ©gitime passe aussi par le fait de voir d’autres femmes rĂ©ussir et s’épanouir au sein de son organisation ou de son secteur. Pour Alexandra, la sororitĂ© est une dynamique qui s’est mise en place naturellement, Ă  mesure que les entreprises ont nommĂ© de plus en plus de femmes directrices et que liens se sont créés entre elles. 


Chez Bain, ces liens ont par exemple Ă©tĂ© encouragĂ©s en imposant la prĂ©sence d’une autre femme lors des entretiens de recrutement. Cette normalisation du dialogue de femme Ă  femme permettait non seulement d’éviter que les dĂ©cisions ne soient biaisĂ©es, mais aussi de pouvoir mieux valoriser des profils qui ont tendance Ă  moins se vendre que leurs collĂšgues masculins.  


Finalement, pour arriver Ă  une Ă©galitĂ© homme/femme au travail, Alexandra estime qu’il faut parvenir à mieux valoriser et normaliser nos trajectoires et notre capacitĂ© Ă  nous nourrir de cet Ă©quilibre entre lĂ©gitimitĂ© et humilitĂ©, vie professionnelle et vie privĂ©e. 


“Je parle de l'Ă©quilibre, vie privĂ©e, vie personnelle, et en quoi le fait d'avoir les deux et de mener les deux de front permet d'ĂȘtre plus pertinente, d'avoir la prise de recul et d'ĂȘtre plus performante dans les deux environnements. Il reste encore, malheureusement, un regard social sur le fait qu'une femme qui rĂ©ussit professionnellement, elle ne peut pas rĂ©ussir personnellement. Ça reste encore parfois difficile de dire que non, on peut avoir une vie Ă©panouie personnellement et Ă©panouie professionnellement.”


bottom of page